LE COUPLE ET LA SOLIDARITE FISCALE
Dans une note du 6 juin 2025, la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) tire un premier bilan après l’entrée en vigueur de la loi n°2024-494 du 31 mai 2024 « pour une justice patrimoniale au sein de la famille ».
Ce bilan est présenté comme « très positif »
Rappelons que par principe, les époux et les partenaires liés par un pacs sont tenus solidairement, c’est-à-dire ensemble et chacun pour la totalité du montant, en matière d’impôt sur le revenu lorsqu’ils font l’objet d’une imposition commune et de taxe d’habitation sur les résidences secondaires lorsqu’ils vivent sous le même toit.
C’est également le cas en matière d’impôt sur la fortune immobilière.
Les concubins ne sont pas soumis à cette solidarité, précision faîte qu’en matière d’impôt sur la fortune immobilière, ils sont néanmoins soumis à déclaration et imposition communes.
En pratique, la question de la solidarité fiscale intervient le plus souvent lorsque, séparé de son conjoint, l’un des époux ou ex-poux se voit réclamer des impositions importantes correspondant à la période où cette séparation n’était pas encore actée juridiquement.
La situation se double fréquemment, s’agissant de l’impôt sur le revenu, du fait qu’il pouvait exister un écart important de revenus entre les époux : l’impôt étant calculé au sein du foyer fiscal, celui qui n’était pas titulaire des revenus importants peut se voir réclamer, au titre de la solidarité, des sommes sans commune mesure avec ses propres revenus après séparation.
L’objet de la réforme du 31 mai 2024 était d’apporter des solutions dans ce type de situations.
Désormais, l’article 1691 bis du code général des impôts ouvre la voie à une demande de décharge de solidarité :
– soit lorsque le divorce a été prononcé ou la convention de divorce déposée au rang des minutes d’un notaire
-soit lorsque le pacs est dissous ou qu’un des partenaires a fait enregistrer au greffe du tribunal une déclaration unilatérale en ce sens
– soit lorsque les intéressés ont été autorisés à avoir des résidences séparées
– soit enfin, si l’un ou l’autre des époux ou des partenaires du pacs a abandonné le domicile conjugal ou la résidence commune
L’objet de la demande en décharge de solidarité est de permettre au demandeur, dans une limite imposée par le texte, de n’avoir plus à assumer la totalité de la dette fiscale calculée sur la période passée.
Il faut toutefois répondre à des conditions qui seront appréciées par l’administration fiscale, sous le contrôle ultérieur et éventuel du juge, notamment qu’il existe bien une disproportion marquée entre le montant de la dette fiscale et, à la date de la demande, la situation financière et patrimoniale, nette de charges, du demandeur.
Selon l’analyse menée par la Direction Générale des Finances Publiques, la réforme, assouplissant les exigences légales, a entraîné non seulement une hausse significative des demandes de décharge de solidarité mais encore une augmentation importante des réponses positives de l’administration fiscale accordant la décharge.
Attention toutefois à présenter à l’administration fiscale une demande argumentée, assortie de tous les documents qui attestent de ce que les conditions légales sont remplies
Eugène BANGOURA, avocat associé
Contrôle et contentieux fiscal